Dans la nuit de mercredi à jeudi (22 au 23 juin 2016), les députés ont interdit les néonicotinoïdes, cette famille de pesticides reconnus nocifs pour les abeilles et les insectes pollinisateurs et, plus généralement, pour l’environnement et la santé.
L’utilisation de ces molécules sera interdite sur l’ensemble des cultures, « y compris les semences traitées avec ces produits ».
MAIS : à partir du 1er septembre 2018 seulement.
Nous sommes le 23 juin 2016 quand j’écris ces lignes : encore plus de deux ans de suicide lent. Officiellement.
Plus grave encore : le texte prévoit « que des dérogations à cette interdiction pourront être prises par un arrêté conjoint des ministres chargés de l’agriculture, de l’environnement et de la santé. Ces dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020. »
Vous savez lire comme moi : malgré les gros titres proclamant l’interdiction des néonicotinoïdes, cela signifie en pratique qu’on en repousse l’interdiction à 2020. Donc non pas deux ans, mais quatre ans encore d’assassinat des abeilles, bourdons, papillons… et à terme de nous tous.
Et ne croyez pas que pendant ce temps-là tout va dans le bon sens quand même, que la prise de conscience collective permet toute seule de diminuer les dangers. Je lis aussi dans Le Monde de ce jour ceci :
« […] l’usage de ces pesticides a augmenté en France, selon des statistiques du ministère de l’agriculture obtenues le 26 mai par l’Union nationale de l’apiculture française. Les données révèlent que les tonnages des cinq principaux « tueurs d’abeilles » vendus en France sont passés de 387 tonnes en 2013 à 508 tonnes en 2014, soit une augmentation de 31 %. »
Il y a, je l’avoue, de quoi désespérer. Vous ne trouvez pas ?
Michel Meunier,
le 23 juin 2016